Mariage femme 1

La population mahoraise est issue d'un métissage entre les populations d'origine bantoue et les différentes vagues d'immigration, principalement malgache. En 10 ans, cette population a connu une croissance de 42% pour atteindre 186 452 habitants en 2007. L’île se caractérise par une très forte densité : 511 habitants au km², faisant de Mayotte la seconde île la plus peuplée du sud-ouest de l’Océan Indien, après l’île Maurice. La population est de plus en plus concentrée autour d'un pôle urbain, Mamoudzou, chef lieu de l'île qui absorbe plus de 53 000 habitants (28% de la population totale).

Natalité

La natalité élevée et l'immigration, essentiellement clandestine, en provenance des îles voisines, sont à l'origine de cette croissance démographique très importante : le taux d’accroissement annuel moyen enregistré entre les deux derniers recensements est de 3.1 %. La population mahoraise est jeune : 55 % de la population totale a moins de 20 ans, pourcentage le plus élevé de tous les territoires français (source INSEE).

 
 

La langue

Le français est la langue officielle à Mayotte. Il a été introduit à Mayotte par la colonisation en 1841.

Le mahorais, aussi appelé shimahorais ou shimaoré, est l'une des deux principales langues maternelles  (en plus du français) parlées à 80% sur l'île de Mayotte. C'est une langue bantoue, apparentée au swahili, alors que le shibushi (kibushi) est une langue austronésienne proche des langues parlées à Madagascar. Le shibushi est la langue maternelle pour près d'un tier de la population. Il comprend deux sous-dialectes : Le kibushi kimaoré et le kibushi kiantalautsi.

La religion

La religion musulmane, implantée à Mayotte depuis le XVème siècle, occupe une place majeure dans l'organisation sociale. Près de 95 % des Mahorais sont d'obédience musulmane et de rite sunnite. Les Mahorais ont une pratique modérée de l'Islam.

Dans chaque localité, trois séries d'autorités coutumières sont garantes de la foi :

  • le Fundi. Le fundi est une personne très importante au sein de la société mahoraise. Ce Terme signifie qu'il s'agit d'une personne experte dans son domaine et se traduit par "celui qui sait".
  • le Cheiha.
  • le Cadi. Le cadi exerçait un rôle de juge, de médiateur et d'institution régulatrice de la vie sociale et familiale. Aujourd'hui, son rôle est recentré sur les fonctions de médiation sociale.

L'école coranique et la mosquée sont les deux institutions qui forgent la foi islamique des jeunes mahorais.

A Mayotte comme ailleurs, tout musulman croyant doit observer cinq règles tout au long de sa vie :

  1. La profession de foi (shahâda)
  2. Les 5 prières quotidiennes
  3. le jeûne pendant la période de ramadan
  4. la pratique de l'aumône (zakât)
  5. le pèlerinage à la Mecque, consécration d'une vie qui autorise à porter le titre de Hadj

L'organisation de la famille

A Mayotte, la société est marquée par des coutumes africaines et malgaches très vivaces. Ainsi, la société mahoraise traditionnelle fonctionne sur les principes de la prééminence du groupe sur l'individu, de la matrilinéarité  (filiation définie dans la lignée maternelle) et de la matrilocalité  (résidence de la famille chez la mère).

Au même titre que la société rurale d’où elle est issue, la famille mahoraise obéissait à la règle de primauté du groupe sur l’individu, à la hiérarchie rigide qui fait du doyen d’âge le chef de famille.

La société mahoraise est construite autour de la mère qui transmet le patrimoine génétique et culturel. La femme a la responsabilité de la gestion du budget familial, de l’éducation des enfants, de la santé et du comportement de chaque membre de la famille. De la même façon, la maison construite par son père et par ses frères lui appartient. C’est pourquoi l’homme, tout en étant chef de famille, y occupe une place très réduite. Il est notamment obligé de céder la maison à la femme en cas de conflit ou de divorce.

Il n’est pas rare (encore) qu’un seul homme ait sous sa responsabilité plusieurs épouses et donc plusieurs familles. La loi du 21 juillet 2003, sur proposition du député mahorais Mansour Kamardine à l’Assemblée Nationale, a adopté un amendement historique abrogeant la polygamie et répudiation.

La coutume met donc des tabous tels que le culte des jeunes filles vierges, les cultes des esprits des ancêtres, le culte des esprits tutélaires (la nature et la terre), la polygamie, la matrilinéarité, la consanguinité, la fatidra (alliance par le sang).

 

Les maisons mahoraises

L’habitat traditionnel mahorais est indissociable du shanza : la parcelle (ou la cour) sur laquelle la case est construite. Le shanza accueille de manière relativement constante les éléments suivants :

  1. le mraba : l’enceinte réalisée en tressage de raphia ou de feuilles de cocotier
  2. le nyumba : la case construite sur une ossature de raphia ou de bambou, avec un remplissage en torchis composé de terre et de fibres végétales. Cette case est très souvent composée de deux pièces, l’une réservée à l’homme communique avec la rue, l’autre réservée à la femme communique avec le shanza
  3. le kanya : le grenier pour stocker les denrées alimentaires
  4. le dao la kuhu : le poulailler
  5. le banga lao pishia : l’espace de cuisine
  6. le mraba wa sho : l’espace de toilette et d’ablutions.
Maison traditionnelle

Case traditionnelle 1980

Case traditionnelle

Case sim

Case SIM (1970)

Maison contemporaine

Maison contemporaine (2000)

On peut identifier trois temps clés permettant de retracer la chronologie de l’habitat mahorais : tout d’abord, la case traditionnelle et le banga qui en sont l’origine ; puis, la “case Sim” qui constitue le premier grand bouleversement dans l’habitat mahorais ; enfin, l’habitat contemporain qui renouvelle la notion et la manière d’habiter à Mayotte en apportant une nouvelle conception de la maison.

La case traditionnelle était construite avec les matériaux que l’on pouvait se procurer sur place : terre, bambou, raphia (tiges ou feuilles), cocotier (feuilles), etc. Le banga est une maison construite par un adolescent, marquant son passage à la vie adulte, moment où il apprend à maîtriser les techniques de construction.

Pour lutter contre la précarité, dans les années 1970 la Société immobilière de Mayotte (SIM) engage un programme unique en France de maisons en accession,subventionnées par l’État et sans endettement pour des familles qui participeront directement à leur construction. C’est ainsi que sont apparus les “quartiers Sim” qui constituent en grande partie le patrimoine bâti de l’île. Les cases Sim deviennent en quelque sorte la “maison populaire” héritée du banga. Les premières cases Sim ont été érigées en brique de terre crue, avec des modénatures soignées et élégantes.

Dans les années 2000, les modes de construction traditionnels cèdent définitivement la place aux constructions en tôle et à la “durcification” de l’habitat. Les maisons en parpaing s’élèvent sur deux ou trois niveaux et les fers en attente sur les dalles montrent la perspective de faire évoluer le projet selon ses possibilités financières en fonction des besoins familiaux.

Le mariage

Le mariage coutumier à Mayotte (Harussi) existe sous deux types, le « petit » et le « grand » mariage ou manzaraka . Ils suivent la cérémonie des fiançailles, appelée marumidzo, où les familles se rencontrent (chez la jeune femme) et où peut notamment se décider le montant d'une dot.

  • Le petit mariage (mafungidzo) est une cérémonie organisée avec l'unique présence des deux familles et d'un représentant religieux (le cadi). La mariée reçoit une dot moins importante comparé au grand mariage.
  • Le grand mariage (manzaraka) implique une célébration ouverte à toute la communauté élargie (famille au grand complet, village, dignitaires, etc, parfois plusieurs centaines de personnes), qui doivent apporter des cadeaux et éventuellement de l'argent. Il est généralement l'occasion de festivités somptuaires sur plusieurs jours, avec une débauche de nourriture (notamment du zébu), de spectacles, de musiques et de jeux. Historiquement, les manzarakas impliquaient aussi des sacrifices publics de zébus. Du fait du coût élevé de ce type de noces, il est parfois réservé aux familles les plus riches ou au premier mariage de la fille aînée d'une lignée, et les familles sont souvent contraintes de s'endetter pour faire face aux dépenses.

 

Le msindanu (masque de beauté)

Le msindanu, ou msindzano est une parure cosmétique traditionnelle portée par les femmes de certaines îles de l'océan Indien comme : les Comores, Mayotte et Madagascar, ou encore au Mozambique, il est considéré comme un cosmétique à part entière et est devenue emblématique à Mayotte, Il est aussi appelé en français « masque de beauté »

A l'origine, ce masque, constitué d'une pâte à base de santal frotté sur du corail, est porté par les femmes malgaches, plus précisément sakalaves ; puis il s'est répandu dans les îles de l'archipel des Comores. S'il est aujourd'hui, comme pour les masques de beauté, vendu en Occident, et destiné à améliorer l'état de l'épiderme, il est à la base destiné à protéger la peau des agressions du soleil et des insectes lors des activités journalières comme la cuisine ou les travaux agricoles.

Masque 1
Histoire 3

Histoire

Le 25 avril 1841, pour écarter le danger des attaques extérieures, notamment comoriennes, le sultan d’origine malgache Andriantsouli cède l'île de Mayotte à la France, représentée par le Commandant Passot. Mayotte devient dès lors protectorat français.  Lire l'article ... 

Le chicowa ! C'est quoi ?

Le chicowa ou tontine est une tradition de financement mutuel, fortement ancrée dans les quatre îles de l’archipel des Comores, qui fonctionne sur la solidarité et la confiance mutuelle de ses membres. C’est une association de personnes, d’un même village, famille ou milieu professionnel versant périodiquement des cotisations fixes à un fonds commun qui leur est redistribué à tour de rôle. Le cycle s’achève lorsque chaque participant a bénéficié du fonds. Une personne est souvent nommée responsable de groupe, du respect des échéances et de la participation de tous.

La musada ! C'est quoi ?

En shimaoré, musada signifie entraide.  Un homme ou une femme du village a besoin de bras pour cultiver son champ, effectuer un travail de terrassement, décharger un conteneur, préparer des repas pour un mariage ou des funérailles, le quartier veut réparer une mosquée, un édifice public, organiser une fête traditionnelle ? L’entraide villageoise ou musada est sollicitée. L’appel à l’entraide est suivi d’effet et l’entreprise engagée réunit les bras et les compétences de la communauté, ainsi que des contributions aux dépenses engagées.

Un banga ! C'est quoi ?

Un banga est une petite maison d’une pièce où va vivre l’adolescent mahorais dès sa puberté. Cela marque son passage à la vie adulte. Il est construit en dehors de l’enclos familial, le « shandza ». Le banga est cependant construit à une distance raisonnable afin de permettre au jeune de pouvoir facilement venir prendre ses repas ou faire sa toilette. L’adolescent acquiert ainsi une autonomie valorisante tout en restant sous contrôle maternel. Le « banga » est un habitat par essence éphémère, traditionnellement construit en pisé.

Magnégné ! C'est quoi ?

«  Magnégné  » qualifie ce qui est très moyen. Expression utilisée fréquemment à Mayotte qui désigne tout ce qui est réalisé au rabais ou tout du moins pas à la hauteur de ce qui peut être espéré. (source https://www.lien-social.com/Des-racines-et-des-liens-du-travail-magnegne-a-l-interculturalite)

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